Léon d’Hervey

Connu de son vivant comme sinologue, c’est-à-dire spécialiste de la langue et de l’écriture chinoises, Léon d’Hervey de Saint-Denys est passé à la postérité pour ses écrits sur le sommeil et sur le rêve, et notamment pour sa conceptualisation du rêve lucide. Il est considéré comme l’un des premiers et des plus éminents onirologues de l’ère moderne. Des scientifiques, comme le psychophysiologiste américain Stephen LaBerge, se sont nourris de son travail pour lancer et mener leurs propres recherches sur le rêve lucide avec les moyens technologiques contemporains.

Marie-Jean-Léon Le Coq, baron d’Hervey de Juchereau, marquis de Saint-Denys, est né en mai 1822 à Paris. Petit-fils d’un général d’Empire, le petit Léon est élevé dans sa famille par des précepteurs et développe un goût prononcé pour le dessin. À 14 ans, il commence à représenter et noter ses songes. Ce “journal de nuit” l’incite durant son adolescence à étudier le rêve plus en détails et à produire ses premiers écrits sur le sujet. Devenu professeur de langue chinoise à l’École spéciale des Langues orientales, il envisage en 1855 de présenter une étude à l’Académie des sciences morales et politiques, qui propose alors comme sujet de concours la théorie du sommeil et des rêves. Mais il se ravise à la lecture du règlement de l’examen…

Léon d’Hervey est nommé commissaire spécial pour l’Empire chinois à l’Exposition universelle de Paris de 1867. C’est peut-être pour cette raison que son ouvrage Les Rêves et les moyens de les diriger – observations pratiques paraît cette année-là de façon anonyme chez l’éditeur Amyot. Ce livre très original s’appuie sur l’expérience de l’auteur et indique comment tout un chacun peut développer en songe sa lucidité, c’est-à-dire une pleine conscience d’être en rêve qui n’occasionne pas le réveil et permet ainsi d’agir, en toute liberté, sur la matière onirique.

En 1868, Léon d’Hervey épouse Louise de Ward, jeune baronne autrichienne de 18 ans qui s’adonne à la peinture. En 1874, il est élu à la chaire des langues et littératures chinoises au Collège de France et, en 1878, il devient membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il meurt en 1892 dans son hôtel du 9 rue Bosquet à Paris, sans que son étude sur les rêves ait alors fait l’objet d’une réelle attention. Par la suite, de nombreux auteurs, parmi lesquels André Breton et Robert Desoille, rendront hommage à son travail et à l’originalité de sa démarche. Il est enterré au cimetière Montparnasse.

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